par Suleiman Al-Khalidi et Karam Al-Masri
Le premier procès de suspects impliqués dans le massacre d'alaouites en Syrie en mars s'est ouvert mardi à Alep, une première étape dans la promesse du président intérimaire Ahmed al Charaa de trouver les responsables et de les traduire en justice.
Selon des sources judiciaires, parmi la douzaine de prévenus, la moitié est soupçonnée d'avoir participé à des attaques contre la communauté alaouite dans la région côtière de la Syrie. L'autre moitié est accusée d'avoir participé aux attaques, qui ont déclenché l'effusion de sang, contre les forces gouvernementales aux côtés de milices fidèles à l'ancien président déchu Bachar al Assad, lui-même alaouite.
Les affrontements ont marqué l'une des pires éruptions de violence depuis que les rebelles islamistes sunnites, menés par Ahmed al Charaa, ont renversé Bachar al Assad en décembre dernier.
Les accusés sont jugés lors d'une séance publique à la Cour de justice d'Alep, dans le nord de la Syrie. Les sources judiciaires ont déclaré qu'ils étaient accusés de fomenter une guerre civile, de sécession, de meurtre avec préméditation et de pillage.
Ils ont été interrogés sur les accusations de meurtre de civils et de formation de milices qui ont mené des attaques contre des postes de contrôle de l'armée et des installations gouvernementales, selon une source au tribunal et une retransmission télévisée des débats.
Au total, le procureur général a retenu des charges contre environ 300 personnes liées à des factions armées affiliées à l'armée et contre environ 265 personnes appartenant à des groupes paramilitaires de l'ère Assad, a déclaré Djoumaa al Anzi, chef d'une commission d'enquête nommée par Ahmed al Charaa. On ignore combien d'entre eux sont actuellement en détention.
Selon une enquête de Reuters publiée en juin, les forces syriennes ont tué près de 1.500 alaouites syriens entre le 7 et le 9 mars. Ces attaques ont été lancées en réponse à une rébellion d'un jour organisée par d'anciens officiers fidèles à Bachar al Assad, qui a fait 200 morts parmi les forces de sécurité, selon le gouvernement.
Une commission d'enquête du gouvernement syrien a rapporté en juillet que 1.426 personnes avaient trouvé la mort en mars dans les attaques contre les forces de sécurité et les massacres d'alaouites qui s'en sont suivis.
Les militants antigouvernementaux et les lobbyistes alaouites affirment que le procès n'est pas indépendant et qu'il s'agit d'un simulacre de la part des autorités.
(Reportage Karam Al-Masri à Alep et Suleiman al-Khalidi à Amman ; version française Etienne Breban ; édité par Blandine Hénault)

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